Sur les traces de ceux qui nous ont précédés à Mouzillon
Les registres donnent des indices d'évolutions au cours du XVIIIe siècles
Dans la vie personnelle et dans la vie familiale
Les prénoms
Au XVIIe et au début du XVIIIe siècle l'enfant a souvent un seul prénom. De plus il est fréquent de trouver une récurrence des mêmes prénoms, parfois jusqu'à l'intérieur d'une fratrie, comme si l'individu était avant tout le membre d'une famille, comme si sa personnalité propre avait moins de valeur que son appartenance à une famille, à une lignée. C'est une signe d'une société holiste.
A partir du milieu du XVIIIe siècle apparaît d'une part une diversité dans les prénoms à l'intérieur d'une lignée : les parents donnent des prénoms nouveaux, d'autre part au moment du baptême l'enfant bénéficie parfois de deux prénoms comme si la personnalité de cet enfant, son individualité, était soulignée. C'est un signe d'une société plus individualiste.
Cette évolution, perceptible dans les arbres généalogiques, est significative d'une évolution des femmes et des hommes : l'individualité, la personnalité de chacun est de plus en plus reconnue, de plus en plus affirmée.
Les naissances hors mariages
Le sujet est imperceptible au XVIIe siècle : 10/08/1747 un enfant trouvé à l'entrée de l'église de Vallet ; 01/09/1747 cet enfant est mort.
A partir de 1750 apparaissent des baptêmes dont le père est inconnu. La demande de baptême est portée par les grands-parents où par la sage-femme.
La vie de chacun est reconnue et a sa valeur propre
Le développement de la scolarité
La mise en place d'écoles
Les membres de la noblesse signent abondamment les actes de naissance, de mariage et de décès de leur proches.
Dans les milieux populaire, le nombre des hommes capables de signer des actes apparaît plus important au cours des dernières décennies du XVIIIe siècle, même si souvent le rédacteur des registres ne s’embarrasse pas de détail après avoir indiqué quelques personnes présentes en concluant « déclarent ne savoir signer ».
Dans « Histoire de Vallet », il est précisé que le synode de Nantes de 1556 prescrivait l'obligation d'avoir une petite école près de chaque église, avec un maître pour enseigner la grammaire et le catéchisme. Dès cette époque une école a-t-elle été créée à Mouzillon ?
A partir de 1617 c'est un collège qui se met en place à Vallet dans le but de donner une formation aux enfants et aux jeunes. Un actes de décès de la paroisse de Vallet le 29 juin 1742 atteste le décès d'un garçon.
Des mouzillonnais ont bénéficié d'une école dès le XVIIe siècle ; c'est certain puisqu'un nombre croissant est apte à signer un acte du registre à l'occasion de baptême, de mariage ou de décès d'un proche. Mais l'estimation du nombre de lettrés et la part qu'ils représentent est difficile à déterminer.
La scolarité des jeunes filles
En revanche, des actes témoignent de la formation scolaire d'un nombre croissant de jeunes filles :
A Mouzillon, en 1746 Jeanne GREGOIRE est l'une des rares femmes qui signe son acte de mariage célébré dans la Chapelle du château de la Barillière.
Marie GUERIN, née au Grand Plessix en mai 1754, signe le registre du baptème de son frère Mathurin le 18 novembre 1766 en qualité de marraine.
Ces progrès dans l'accès à la lecture et à l'écriture témoignent d'une population qui prend en charge son histoire.
Des évolutions dans le domaine viticole
Les tonneliers
Les tonneliers deviennent nettement plus nombreux à partir de 1750 Les tonneliers sont mentionnés dans les registres … Pour la seule année 1771, la paroisse de Vallet enregistre 2 mariages dont l'époux est tonnelier.
Les plantations de vignes
L'accroissement du nombre de tonneliers révèle un accroissement des quantités de vin. La quantité de vin a pu augmenter en raison de belles récoltes. Cependant la quantité de vin augmente surtout parce que les surfaces plantées en vigne augmente à Mouzillon comme à Vallet ou à Clisson.
A Mouzillon, cette augmentation des surfaces plantées en vigne est confirmée par les plantations de vignes à complant à partir de 1725 sur les terres de la Botinière, du Pin et du Grand Plessix.
Sur le territoire de la commune de Vallet, apparaît un autre indice : le rapprochement entre cette évolution des surfaces viticoles et le conflit qui oppose d'une part les moines du prieuré d'Izeron à Vallet et d'autre part la famille Barrin de la Galissonnière et leurs métayers dans le secteur des Chaboissières au sujet des terres de Landes. Dans « Historie de Vallet » Jean de Malestroit et Emile Laure présente les termes du conflit. Les Landes d'Izeron et les landes de Chaboissières étaient à l'époque de la féodalité d'un même fief. Ces landes étaient communes aux métayers d'Izeron et aux métayers des Chaboissières et des environs, du XVe au XVIIIe siècle. Les métayers y faisaient pâturer les bêtes et y fauchaient des litières. En 1744 Marie-Marquise d'Antenaise, héritière du comte Barrin de Fromenteau, porte l'affaire en justice prétendant que toute l'étendue de la lande lui revenait et voulant interdire l'accès à cette lande aux fermiers du prieuré d'Izeron. De leur côté les chartreux d'Izeron assignent à comparaître 5 métayers de Fromenteau. Ce nombre de 5 augmente pour devenir 34 en décembre 1744 et 55 en 1779. Les partenaires qui ont intérêt pour agir son nombreux. La question du bornage devient compliquée. Ce qui était de simples « friches » devient objet de conflit. Ce conflit montre bien que ces surfaces de terre ne sont pas seulement des histoires de pâturages extensifs et de fauchage de litière. Ces terres trouvent une autre valeur à une époque où la culture devient plus intensive et où les plantations de vigne s'accroissent nettement.
A Clisson, Michel DEBOUEIX évoque les dernière années de l'ancien régime en précisant : « On a défriché beaucoup de terres depuis une vingtaine d'années. Les plantations de vignes, dont la culture demande beaucoup de bras, augmentent tous les jours ».
Au cours du XVIIIe siècle les modes de production agricole et viticole ont donc évolué. La vie quotidienne se transforme avec ses intérêts économiques.
Les expressions relatives aux compétences professionnelles apparaissent
Les professions sont identifiées et exprimées Les fonctions de greffiers et de notaire étaient déjà notées dans les registres dès le XVIIe siècles.
Au XVIIIe siècle apparaissent des expressions qui touchent une large population. Les cultivateurs se trouve identifiés comme « métayer » ou comme « laboureur à bœuf » ou « laboureur à bras » Dans les métiers du textile on trouve à Vallet un actes qui précise le 26 septembre1737 : Baptême … fille de Julien Lefeuvre fileur de laine
De nouvelles relations
Mais une nouveauté apparaît avec l'arrivé des commerçants
→ 22/07/1788 mariage à Vallet Joseph CHESNEAU, commerçant avec Marie Céleste FABRE… fille de chirurgien
→ 26/01/1773 mariage à Vallet Pierre BOUCHAUD négociant de Monnière avec Marie LETOURNEUX
→ 26/05/1779 Mariage à Vallet SARREBOURSE d'HAUTEVILLE négociant à Nantes.
Ces mariages montrent clairement que ce contexte rural est en relations commerciales et techniques avec d'autres populations. Que le commerce a un impacte sur la vie de ces ruraux : mariage, échanges de vues… et ouverture sur des idées nouvelles !
Avec plus grande prise en compte de la vie individuelle, avec le développement de la scolarité, avec l'évolution de modes de production agricole et viticole, avec l'apparition de relations nouvelles, ce XVIIIe siècle dévoile des évolutions qui annoncent localement la révolution française.